Club taurin de Paris
créé en 1947

 

 

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Prix de la rencontre 2007

 

 

Le prix de la rencontre 2007 a été attribué par le Club taurin de Paris à Victoriano del Rio et El Juli pour le combat de Cantapájaros à Madrid, le 23 mai 2007.
Près de 200 aficiondaos parisiens ont rendu hommage au maestro et à l'éleveur le 10 décembre, à Paris.
Tous deux ont reçu, en guise de trophée, une oeuvre originale de Vincent Verdeguer.

Éloge du Juli par Francis Wolff

Mon cher Julián Lopez, el Juli, nous t'aimons.

Quand je dis "nous t'aimons," je veux dire nous le Club taurin de Paris, nous l'afición française, nous les aficionados de tous les pays.

Et quand je dis "nous t'aimons", ne crois pas que ce soit des paroles de circonstance. C'est un fait qu'on peut établir scientifiquement et qu'on peut expliquer très facilement.

On peut l'établir de manière totalement objective. En effet, comme tout club taurin, le Club taurin de Paris est forcément partagé entre goûts, penchants, tendances, différents voire opposés. Cela fait partie de sa diversité, de sa variété.
Lorsqu'il est question de José Tomás, il y a dans le Club les tomasistas et les antitomasistas. Si l'on parle de Ponce, il y a les poncistas et les antiponcistas. Il y a aussi les morantistas et les antimorantistas. Mais quand il est question de El Juli, c'est vrai, je le jure, tout le monde sans exception est julista. Voilà pour l'objectivité des faits. Comment expliquer cette unanimité ?

Elle s'explique facilement. Nous sommes à Paris, et forcément ni dans le Sud-Ouest, ni dans le Sud-Est. Le Club est d'ailleurs partagé entre « sudestistes » et « sudouestistes », en particulier ceux qui à Pentecôte vont à Vic et ceux qui à Pentecôte vont à Nîmes. Mais « sudestistes » et « sudouestistes » se rejoignent pour être également « julistas ». C'est normal. A Nîmes, tu as pris ton alternative et fêté récemment, seul face à 6 toros, tes dix années comme matador, en coupant une queue après un grand combat face au 6ème toro de Daniel Ruiz. A Mont-de-Marsan, tout le monde le nombre de férias de la Madeleine que tu as pu sauver par ta seule présence ! A Arles, il y a une constante depuis de nombreuses années: on sait d'avance que le triomphateur s'appelle, s'appelle toujours, El Juli. A Dax, le 14 août 2007, face au toro « Intrepido » de Montalvo, tu as sans doute fait une des plus grandes faenas de l'histoire de la féria dacquoise. Tu réconcilies donc sur ton nom « sudestistes » et « sudouestistes. »

Mais il y a mieux. Tout Club, et c'est très sain, est partagé entre toristas et toreristas. Mais, là encore, les uns et les autres sont également julistas. Pourquoi ? Tout simplement parce que ton toreo est aussi vivant, allègre, improvisé, que le réclament les toreristas, et aussi précis, engagé que le réclament les toristas. Car ton toreo est fait de mille détails mais d'un seul concept. Mille détails, et pas seulement ceux qui sautent aux yeux de l'aficionado débutant, le Juli de la lopecina, des enchaînements audacieux, le Juli d'hier. Je parle du Juli d'aujourd'hui, l'extraordinaire variété et justesse des cites, des toques, des distances. Mille détails, mais un seul concept, celui qui fait l'unité des aficionados et qui explique leur unanimité: la domination. Tu es sans doute le plus grand dominateur de toros de ces quarante dernières années, celui qui réunit les 7 « p » du torero dominateur: perception du toro, précision, placement, pouvoir de contrainte, puissance et persuasion de la muleta, profondeur du toreo.

C'est pourquoi quand je disais "nous t'aimons", je ne voulais pas dire seulement, nous autres du Club taurin de Paris, je voulais dire aussi, nous l'afición française. Je crois qu'elle t'a toujours été fidèle depuis plus de 10 ans, et je la crois supérieure, en matière de julismo, à l'afición espagnole, qui a été plus volage à ton égard. Il faut dire à sa décharge que tu as fait ce qu'aucun torero, je parle de figura de l'histoire du toreo, n'avait jamais fait. Tu as brusquement changé de style, non par obligation mais par décision propre, non par marketing mais tout au contraire par antimarketing, autrement dit par afición. Tu as décidé un jour, seul, que le Juli connu, célèbre, celui des banderilles et du toreo largo, celui des publics des dimanches et fêtes, c'était fini. Que désormais il faudrait apprécier Juli à sa juste valeur, pour sa vérité, c'est-à-dire je le répète, pour sa profondeur, pour sa puissance. Alors le public espagnol s'est divisé: le public festif continua d'exiger pendant de longues années que tu poses les banderilles, il ne t'a pas reconnu, il t'a boudé: « ce n'est plus notre Juli ». Mais toi, fidèle à ta décision, tu t'obstinas. Avec raison ! Le public sévère, sérieux, autoproclamé expert, celui de Madrid en particulier, continuait, lui, d'avoir l'image de l'ancien Juli, qu'il considérait comme un torero de férias. Et surtout, selon le principe bien connu de la distinction, il voulut se singulariser en se montrant supérieur, différent ("ce qu'on aime partout ne peut être bon pour nous, puisque nous sommes les meilleurs"), et il mit longtemps, très longtemps, à voir qu'il avait la chance d'avoir le torero le plus dominateur de sa génération, celui dont le toreo correspondait le plus, le mieux, au concept qu'il prétendait défendre, celui de la domination. En fait, il fallut qu'un toro nommé « Cantapájaros », de Victoriano del Rio, le leur fît voir, je dis bien voir avec évidence, le 23 mai 2007. Et encore un président, plus aveugle que tous ces borgnes, refusa de le voir, tant il préférait plutôt croire la rumeur colportée par les imbéciles prétentieux que ce qu'il venait de voir et d'entendre, tant il crût se montrer lui-même supérieur en affichant son incompétence. Malgré tout, pendant toutes ces années d'incompréhension et d'injustices, tu as persisté dans la ligne de la vérité. Et tu as bien fait: il n'est pas facile d'être un enfant prodige. Il faut encore, comme Mozart, montrer ensuite qu'on est un grand artiste et pas seulement un virtuose précoce. Par ta persévérance, d'un torero animateur et agréable, tu as fait un des grands toreros de l'histoire. Et pendant toutes ces années, je crois, nous, je veux dire le public français, nous t'avons unanimement été fidèles, et nous t’avons suivi dans cette ligne de vérité, de perfection et de maîtrise que tu voulais atteindre et que tu as atteint en effet.
J'ai dit que cette unanimité tenait au concept de ton toreo, qui lui, tient en un seul mot: la domination. J'avais tort. Il y en a un second: l'afición. Et l'afición n'est pas seulement ce qui te pousse tous les jours, où que tu sois, à toréer tous les toros avec la passion d'un novillero qui a soif de contrats. Cette afición ne se lit pas seulement dans ton combat contre les toros, mais tout autant dans ton combat pour la tauromachie.

En 2004, tu as fondé la « Fondation internationale El Juli» qui se donne pour objectifs :
1/ La promotion et la diffusion de la corrida comme manifestation d’un phénomène culturel, artistique et social.
2/ Diffuser et encourager la promotion et le développement de la corrida, en incitant au développement d’activités artistiques, culturelles, d’aide et de recherche en relation avec le monde de la corrida.
3/ Aide à la formation et professionnels du monde taurin. Cette Fondation organise le « Trofeo de la Oportunidad » pour les écoles taurines, y compris françaises, et elle collabore avec la « Mesa del Toro », avec la « Plataforma para la defensa de la Fiesta », avec l'« Association des Parlementaires Taurins Européens », elle est sur tous les fronts pour la défense de la corrida partout où elle est menacée.
Quand il s'est agi de participer à un festival à Barcelone, à un mano a mano à Avila, d'organiser, comme encore récemment, un front uni contre les antitaurins catalans, toujours tu réponds présent, tu es en première ligne, avec le même engagement que face au toro, avec la même afición, avec la même sincérité que dans toutes tes faenas. Ce combat-là aussi, nous le mènerons avec toi, Julian.

Pour cet engagement, pour cette sincérité, pour cette afición, c'est-à-dire pour tout ce que es, pour tout ce que tu fais, nous te disons, Merci Julian !