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Réunion du 13 mars 2007

Luis Corrales, président de la Plateforma de defensa de la fiesta

Luis Corrales, aficionado militant


Le Club Taurin recevait, mardi 13 mars, Luis Corrales, président de la « Plateforma de defensa de la fiesta », association de défense de la tauromachie.

« Incarnation de la défense de la fiesta, homme passionné, extrêmement engagé, extrêmement sympathique et parlant un français remarquable » c’est en ces termes que Francis Wolff a présenté Luis Corrales, qu’il avait lui-même connu lors du colloque de l’ENS en décembre 2005.

Francis Wolff, Luis Corrales et Jean Pierre Hédoin

« Nous sommes heureux de recevoir Luis Corrales à un moment clé », a souligné Francis Wolff.
L’époque est en effet paradoxale.
D’un côté tout va bien. Nous vivons l’un des moments les plus intéressants de l’histoire des 30 dernières années : les arènes sont pleines, les toros chargent, les toreros en forme sont nombreux, et le retour de José Tomas donne encore plus d’intérêt à cette temporada,. Rarement une saison n’a été autant attendue que la saison 2007.
Par ailleurs tout va mal, du point de vue de l’extérieur. La tauromachie n’est pas associée à la culture vivante. Rarement elle n’a été autant attaquée par les politiques, en France, en Espagne et pas seulement en Catalogne, et au niveau européen.

A l’intersection de ce tout va bien et de ce tout va mal il y a une ville : Barcelone. Symbole du « tout va bien » puisque c’est ici que José Tomas a décidé de faire son retour le 17 juin et du « tout va mal » puisque depuis 2004 les attaques des antitaurins de Catalogne sont les plus virulentes et influentes. Barcelone a même été déclarée ville antitaurine en avril 2004.

C’est à cette date que Luis Corrales et les aficionados barcelonais ont décidé de créer la « Plateforma de defensa de la fiesta ». Il a lui même abandonné sa carrière pour se consacrer exclusivement à la plateforme et devenir ainsi un aficionado professionnel.

Une réponse aux attaques

Après cet exposé introductif de Francis Wolff,  Luis Corrales est longuement revenu sur les actions de la Plateforma de defensa de la fiesta depuis sa création par le monde taurin catalan (les quatre éleveurs, les empresas, les clubs taurins, les journalistes) après le vote, à bulletin secret, le 6 avril 2004 du conseil municipal de Barcelone déclarant la ville antitaurine. Ce vote, à portée symbolique uniquement n’avait pas de conséquences directes, la compétence en matière taurine étant détenue par le parlement régional, la Generalitat. L’écho dans le mundillo est alors très restreint car confiné à un niveau local.
Il ne s’associera à cette lutte qu’en novembre 2004 lorsqu’un député de ERC (Esquerra Republicana Catalana) dépose au Parlement catalan une proposition de loi visant à interdire les corridas en Catalogne. La Plateforma perd alors son caractère local et ses actions s’étendent sur tout le territoire espagnol. Les taurins craignent un effet domino. Si la Catalogne tombe, d’autres régions, comme la Galice ou les Asturies peuvent suivre.

Lors de la temporada 2005, une campagne nationale est lancée : des pétitions circulent, la plateforme présente ses actions lors de toutes les grandes ferias espagnoles, françaises et portugaises. 700 000 signatures sont recueillies. Et Luis Corrales aficionado tranquille se meut en aficionado militant, abandonne son travail et devient salarié à plein temps de la plateforme.

Barcelone, Madrid, Paris, Lisbonne, Bruxelles

Il est alors sur tous les fronts, et notamment le lobbying politique. Il réussit à convaincre assez de partis politiques catalans pour éviter le vote de la résolution prohibant les corridas, fait réaliser des sondages en Catalogne pour prouver que la majorité des catalans n’est pas favorable à cette prohibition, contrairement aux chiffres avancés par les anti taurins, organise des conférences, participe à des colloques, plaide la cause taurine à Barcelone, Madrid, Bruxelles. C’est d’ailleurs de l’Europe que vient en 2006, puis tout récemment,  les nouvelles attaques, qui ont donné lieu une initiative française cette fois : l’appel de Samadet. Là encore, l’Europe n’a pas la compétence pour interdire les spectacles de toros mais une résolution abolitionniste pourrait avoir des influences sur les politiques nationales.

Malgré ces succès, Luis Corrales est lâché par le mundillo. Car s’il milite pour le maintien de la tauromachie, il milite aussi pour son intégrité. Cette revendication d’une tauromachie propre et d’un assainissement du monde des affaires taurines est reçue comme une provocation par le mundillo, notamment les empresas et les éleveurs, qui l’ostracisent.
Lui continue à avancer et décide même de passer à l’attaque, de prendre un temps d’avance sur ses adversaires. Alors il se situe sur le plan économique, avance les chiffres : la tauromachie en Espagne représente 0.15%du PIB, Il évoque les hectares protégés, les 45 millions d’entrées vendues aux 15 millions d’espagnols allant aux arènes, les 1500 millions d’Euros générés par le secteur.

Patrimoine culturel de l’humanité ?

Dès le mois d’avril prochain, il va lancer une grande campagne de souscription pour financer la plateforme avec l’aide des aficionados et des peñas taurines. Autre source de financement : le festival, qui aura lieu cette année à Nimes, fin avril, avec Pablo Hermoso de Mendoza, Cesar Rincon, Enrique Ponce, Sebastian Castella et un novillero nimois. Car si elle a perdu certains de ses soutiens, les toreros n’ont jamais lâché la plateforme. « Les toreros, surtout les toreros indépendants, ont été admirables depuis le début a précisé Luis Corrales. Ils ont démontré qu’ils croyaient à ce qu’ils faisaient, qu’ils étaient de véritables aficionados ».

Dans ce contexte, le retour José Tomas n’est évidemment pas dû au hasard. C’est un acte militant qu’a voulu réaliser le torero en choisissant Barcelone pour sa première course, affichant ainsi son soutien aux aficionados barcelonais.
C’est aussi à Barcelone qu’il clôturera sa saison, le 24 septembre pour la Merced. Luis Corrales a d’ailleurs confié que ce retour barcelonais de José Tomas aurait pu se produire dès l’année dernière.

Désormais l’objectif de la Plateforme est d’amplifier son réseau culturel pour faire classer la tauromachie « patrimoine culturel «  d’un pays puis de l’humanité par l’UNESCO. Pour ce projet l’image de la Plateforme sera représentée par quelques toreros (El Juli, Ponce, José Tomas, Joselito, Hermoso de Mendoza), quelques ganaderos (Victorino Martin, Palha…) et quelques aficionados (Joaquin Sabina, Francis Wolff…).

Luis Corrales a conclu son intervention en revenant sur les circonstances du retour de José Tomas (il est également président de la Peña José Tomas de Barcelone) et sur les demandes du monde entier qui parviennent à la Plateforme pour assister à cet événement.

Le 17 juin, Barcelone sera la capitale mondiale de la tauromachie. Déjà une belle victoire pour Luis Corrales.