Club taurin de Paris
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Réunion du 3 novembre 2011

 

 

IVAN FANDIÑO PARIS, CHEZ JENNY, LE JEUDI 3 NOVEMBRE 2010

 

Ponctuellement, à 20 h., deux vidéos de faenas madrilènes de Ivan Fandiño ont été lancées sur l’écran du salon de réception : l’une face à un taureau pie-noir de Montecillo et l’autre face à un taureau de Cuadri. Notre invité, arrivé à 0rly à 18.30, était pris dans les encombrements parisiens, amplifiés par une manifestation de pompiers qui parcourait Paris. Il lui a fallu aussi refaire le pansement d’une blessure récente. En attendant, Jean-Pierre Hédoin, notre président, a fait un rappel factuel de la carrière du toréro.
Fandiño est né à Orduña le 29 septembre 1980, mais vit actuellement à Guadalajara.
Il s’est présenté comme novillero à Orduña le 2 juin 2002 et s’est brillament présenté à Madrid en 2004.
Il a pris l’alternative en 2005 à Bilbao face à des taureaux de El Ventorillo, parrain El Juli, et a laissé un bon souvenir. Sa carrière se déroule sans éclat jusqu’à 2009, où il confirme l’alternative et torée quatre fois à Madrid, en se faisant bousculer à chaque taureau. Mais il était “entré” à Madrid. En 2010, sa carrière est en porte-à-faux. Il a l’image d’un torero d’art courageux, mais n’affronte que des corridas difficiles.
En 2011, son statut change. Il torée quatre fois à Madrid et à chaque fois coupe une oreille, jusquà celle du sixième taureau du mano a mano avec David Mora, l’autre révélation de l’année, organisée pendant la féria d’automne.

            Enfin, à 21.15, Ivan Fandiño fit son entrée dans le salon “Colmar”, dont un plan monumental orne le fond de la salle, décoré de bas-reliefs en bois des personnages célèbres du lieu : Rapp, Bartholdi etc...
Bien que né à Orduña et se sentant basque, sa famille est d’origine galicienne. Son aficion est née en participant aux encierros pour enfant de Llodio et de Pampelune. Il s’est inscrit à l’école taurine de Bilbao, qui a fermé un mois après, puis à celle de Vitoria, qui a subi le même sort, à celle de Valence où il est resté un an, puis a été à Sanlucar auprès de Diego Roblès et enfin s’est installé à Guadalajara.
Faute d’être soutenu par une école, il s’est formé dans les capéas, ce qui est une activité gratifiante en ce sens que ce que l’on a, on l’obtient par son propre effort.
C’est alors qu’il a rencontré son apodérado, Nestor García, qui a vu en lui des possibilités que lui-même ignorait. A l’époque, il pesait 95 kg (maintenant 60 kg), posait les banderilles et admirait Padilla, Lira, El Tato et pensait affronter les Cébada Gago etc. Nestor García l’a préparé avant de le lancer dans les férias pour qu’il puisse apparaître comme un élément nouveau et surprendre. Cela a été une préparation intense ; il faut assimiler dans le subconscient pour pouvoir reproduire naturellement devant le taureau. Ce sont de nombreuses heures de préparation physique et psychologique. Son apodérado est son oeil extérieur, qui corrige ses défauts.
Les moments-clés de sa carrière ont été sa présentation à Madrid comme novillero , le 12 septembre 2004, puis sa confirmation le 12 mai 2009 et enfin la goyesque de la féria de la communidad 2011, le 2 mai.
Son meilleur souvenir de Madrid est le taureau de Carriquiri du 2 mai 2011, un taureau exigeant .
Madrid est sa plaza, c’est là qu’il se sent bien et il torée pour être bien à Madrid. Si cela plait à Madrid, cela doit plaire ailleurs.. Il conserve son concept tauromachique partout. Il se définirait par son honnêteté, sa sincérité, il torée “avec le coeur sur la main”, et ne veut rien avoir à se reprocher quand il rentre à l’hôtel. Ainsi il n’a pas de regret de s’être fait prendre à Málaga, une course nocturne sans enjeu, blessure qui l’a empêché d’aller à Bilbao.


Il aime beaucoup l’Andalousie, le flamenco, les chevaux. Cela l’inspire. Il y a connu des débuts difficiles comme novillero, mais il est très content d’avoir pu y retourner dans des conditions plus favorables cette année. Il y a torée beaucoup ; Seville, Puerto, Almeria, Málaga, Jaen, Huelva .
Le plus mauvais taureau qu’il ait jamais afronté a été un  Palha à Azpeitia et le meilleur un Escolar Gil qui chargeait en baissant la tête dans la muleta, très à la mexicaine, sans être au galop, mais avec rythme et beaucoup de transmission. Un taureau d’Algarra à Huesca est aussi évoqué par son apodérado.
Interrogé sur quelques extravagances que l’on lui a vu faire, comme de tuer sans muleta à Bilbao, il a répondu qu’il l’avait déjà fait auparavant et avait triomphé et que le problème ce jour-là, c’est qu’il avait échoué. Une autre situation a été à Pampelune, où il avait accueilli le taureau à sa sortie du toril par gaoneras. C’était quelque chose à quoi il avait pensé dans la solitude de l’entraînement avec les outils taurins, mais n’avait jamais essayé même avec une vachette. Comme son apodérado, qu’il qualifie d’ “illuminé” (sic),  lui avait dit qu’il fallait faire quelque chose pour que l’on se souvienne de lui, cela lui est venu.
Mais quel est le rôle de son apodérado. C’est ainsi que Nestor García est passé du premier rang et d’auditeur à celui d’intervenant à la table des conférenciers.
Nestor García avait d’abord remarqué en Ivan une courage naturel. C’est un garçon très auto-discipliné, qui s’adapte vite et assimile vite. Il y a eu dès le début une confiance absolue entre eux, ce qui est le seul moyen de parvenir à des résultats. Maintenant, c’est un toréro fait qui torée beaucoup et il est très fier d’être son apodérado. C’est un sentiment réciproque, Ivan ajoutant que Nestor est un frère pour lui.
Nestor García ajoute qu’il avait le bon concept taurin, mais qu’il n’était pas capable de le mettre en oeuvre. Une figure du toréo doit être capable 20 fois par an de franchir la ligne de sécurité, qui rend la cornada possible. Le toréo est un métier dangereux.

Quant aux élevages, Ivan Fandiño estime qu’il y en a de bons et de mauvais et qu’il en a assez tués de mauvais. Il souhaite pouvoir affronter des taureaux qui permettent de développer son concept de toréo avec plus de facilité. Il fera des gestes en affrontant certains élevages, mais cela ne doit pas être la tonalité de la saison.
Il va aller aux Amériques : Lima, Quito, Cali, Bogota, Medellin, et au Mexique, mais pas à la Mexico, faute de s’être entendu sur le vil métal, dixit Nestor.

22.30, il était temps de passer aux agapes, sans la traditionnelle choucroute néanmoins. Elle fut parfois regrettée.

                                                                                                                   Philippe Paschel