Club taurin de Paris
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Réunion du 14 janvier 2009

Alain Montcouquiol, Nimeño I et Jean-Michel Mariou ont présenté, lors d'une soirée particulièrement émouvante, devant plus de 80 aficionados, le livre d'Alain Montcouquiol, "Le sens de la marche" .



         Alors qu’Alain Montcouquiol avait dix ans, son père est mort. Les adultes  se sont contenté des habituelles paroles d’encouragement : “tu es grand maintenant”.
         Revenu à Nîmes, il découvre des garçons qui parlent de la mort quotidiennement et qui en parlent d’une façon héroïque : Manolete tué par Islero à Linares le 28 août 1947, Pepete tué par Jocinero de Miura à Madrid. C’est ainsi qu’il est entré en tauromachie.
         Alain avait peu connu son père et pour répondre aux questions de Christian, qui ne l’avait pas connu du tout, il avait deux ans au moment de sa disparition, il a été obligé d’inventer un père avec les bribes de ce qu’il en savait. Peut-être est-ce ainsi qu’il est entré en littérature.
         Lorsque Christian a été blessé, la mort du père lui est revenue présente, puis ce fut celle du frère. Cela l’a poussé  l’écriture, non pas comme une thérapie, mais comme un acte de désespoir. Il a écrit aussi en pensant aux enfants de Christian qui, sinon, ne saurait rien de leur père, comme eux  n’en avaient rien su.

         Recouvre-le de lumière n’est pas un livre de tauromachie, c’est une histoire defamille occultée, de fraternité, de passion, de deuil, qui peut toucher chacun. Les toros ne sont que le lieu du récit.
         Il a été aussi question de réalités et qui sont  taurines : la constance de Christian, alors que dans un moment difficile de creux, il affrontait des taureaux compliqués, ceux dont personne ne veut, et qui a réussi à ne pas baisser les bras et a su remonter au niveau de ceux qui affrontent les bons taureaux -un bon taureau donne beaucoup à son matador, qui sort du combat avec un sentiment de victoire, d’exaltation, il est galvanisé, remplit de force ; le mauvais taureau prend beaucoup, il épuise le toréro physiquement et  surtout moralement. Il le vide.
         Alain Montcouquiol Nimeño a eu une carrière taurine impossible du fait de la situation qui était celle des toréros étrangers en Espagne dans les années 60,  censés avoir fait leur apprentissage en novillada sans picador dans leur propre pays et ne pouvant toréer que des  courses piquées. Il a eu des débuts trop précoces à Saragosse et a connu un désastre à Nîmes, où secoué fortement par un taureau, il n’est pas revenu en piste, restant dans la douceur de l’infirmerie. La manière dont il a rapporté cet épisode était un peu plus rude que celle de l’écrit, plus désabusée, peut-être. Il a souligné ce sentiment de honte de celui qui s’est dégonflé. Mais cela l’a en fait aidé à poursuivre son rêve de taureaux ...

                                                                                                Philippe Paschel