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Compte rendu de la réunion du 26 novembre 2004


Par une froide soirée de novembre, une vingtaine de personnes des deux sexes étaient réunies au fond d'une impasse de la rue des Vignolles dans une sorte de grange en bois décorée à l'espagnole. Il y régnait le calme, pas d'orchestre à la musique intempestive, et l'ordre, pas d'autres alcools que celui naturel du vin, ce dont se rejouit l'orateur, Marc Thorel, président de l'UBTF, Union des Bibliophiles Taurins Français, dont plusieurs membres étaient dans l'assistance.

Fidèle à la tradition du club, un des deux projecteurs de diapositives nécessaires à l'illustration de la conférence tomba en panne, ou plutôt refusa de fonctionner avec constance plus de quelques minutes, pour reprendre son rôle lorsqu'il s'était refroidi. Francis Wolff réussit à le templer par une série d'allumage et éteignage, qui permirent un déroulement correct de la soirée.

L'UBTF est une association qui a pour but d'éditer des ouvrages de qualité concernant la tauromachie. Sa première intention avait été de publier des histoires des villes taurines, ce qui est en voie d'achèvement. Il ne reste à faire que quelques places comme Saint-Sever, Vieux-Boucau ou Soustons, pour ne parler que du Sud-Ouest. L'UBTF a publié de nombreux autre ouvrages, largement selon les hasards des envois spontanés ou les goûts du président : la publication de la traduction d'un livre d'Eugenio Noel, célèbre anti-taurin, mais abonné au arènes de Madrid, posa quelques problèmes avec l'ayant-droit, qui avait d'abord refusé qu'un ouvrage de son grand-père soit détourné de sa fonction première ; mais qui, sinon des aficionados a los toros pourrait lire cet auteur aujourd'hui ? L'UBTF compte 160 membres, nombre maximum dont peut s'occuper le président pour les envois d'ouvrage. Elle compte principalement des bibliophiles, ceux qui aiment lire des beaux livre édités sur du beau papier at conservés dans de belles reliures, mais aussi des bibliomanes, qui ne lisent pas les livres et sont en fait de simples collectionneurs. Sa prochaine publication sera une histoire de la tauromachie à Montpellier. L'UBTF organisait le jour suivant son Assemblée générale à Paris, dans les locaux de l'Institut ibérique (rue Gay-Lussac), ce qui serait l'occasion de nombreuses communications sur des sujets variés, qui plus qu'à la bibliophilie même tenaient aux aspects culturels de l'aficion.

La conférence présenta divers exemples de belles éditions et d'éditions médiocres aux couvertures effrayantes de médiocrité. On put voir de belles gravures, des reliures magnifiques, comme ce très mince ouvrage en peau d'anguille, titre par ailleurs inconnu de tous les catalogues, ou la première édition des Bestiaires de Montherland. Marc Thorel nous fit découvrir son talent de relieur, utilisant tout l'art de la vignette sur de beaux papiers. Tout le monde fut épaté par les reproductions de billets en relief (!) auxquels la photographie et l'agrandissement donnait l'aspect un "biscuit" (la porcelaine ...).

Parmi les questions posées à notre invité, nous relèverons celle, inévitable, de Jean-Pierre Hédoin, notre président, qui s'interrogea sur les trois livres que Marc Thorel emmènerait sur une île déserte : son choix se porta sur le très beau petit livre relié en peau d'anguille, une belle édition de Carmen et un très somptueux volume de Bedoya, magnifiquement relié. Ce choix rappela à notre invité qu'Auguste Lafront, Paco Tolosa, avait un seul livre à emporter sur cette île : Taureaux et méridionaux de René Benjamin. Du coup, Araceli Guillaume évoqua la nécessité de mettre à jour l'Histoire de la corrida en France d'A. Lafront (Paris, 1970) et elle rappela le rôle et l'importance que joua la revue Toros de Nîmes, plus comme revue dans laquelle se trouve consignée tout la vie de l'aficion française que pour son contenu de critique de spectacles.

Quand de fut fini, tous se dispersèrent dans la ville sur laquelle maintenant il pleuvait.

Philippe Paschel