Club taurin de Paris
créé en 1947

 

 

Le site internet de la Mesa del toro

 

Le documentaire produit par la Mesa del toro

   

Réunion du 13 mars 2009

 

A quels critères précis et à quelles exigences exactes doivent répondre des taureaux  pour être reconnus comme

UN TORO DE MADRID ?

Nos prestigieux invités, trois des vétérinaires officiants à las Ventas, ainsi que la secrétaire générale de la « Union de los Criadores de Toros de Lidia » ont évoqué les questions suivantes :

  • José Manuel Duran Jimenez : évolution des encastes à Las Ventas durant les 25 dernières années
  • Juan José Urquia Garcia : le reconocimiento à Madrid
  • Francisco Javier Fernandez Gomez : l'engainage des cornes : progrès ou fraude (lire un résumé de son exposé)
  • Isabel Carpio Garcia : la Mesa del Toro


de gauche à droite : Juan José Urquia Garcia, Francisco Javier Fernandez Gomez, Araceli Guillaume Alonso, Isabel Carpio Garcia

Araceli Guillaume Alonso, José Manuel Duran Jimenez, Isabel Carpio Garcia Juan José Urquia Garcia, André Berthon



Pour débuter la soirée, José Manuel Durán Jiménez nous a expliqué ce qu’avait été son expérience de vétérinaire madrilène dans la durée, puisqu’il exerce cette charge depuis 25 ans : l’exigence du trapío et des cornes s’est maintenue, mais la question du poids est passée au second plan. Certains taureaux sont sortis avec le poids réglementaire minimum (460 kg), comme cela a été le cas pour un lot de Carriquirri, dont un des six taureaux avait été refusé parce qu’il n’atteignait pas même ce poids -ce qui avait empêché cet élevage de prendre son ancienneté. Certains lui avait reproché un “manque de sensibilité, mais il y avait une exigence réglementaire non respectée.
Juan José Urquia García a abordé plus précisément l’examen préalable des taureaux, pendant lequel il faut observer si les animaux présentés sont aptes au combat. On vérifie qu’ils n’ont pas de problèmes locomoteurs, de vision (principalement un voile sur un oeil) ou de météorisme (“Gonflement de l’abdomen par les gaz qui s’accumulent dans l’estomac et dans les intestins” Robert). Son exposé était accompagné de la diffusion d’une vidéo qui montrait ces différents épisodes.

Franciso Javier Fernández Gómez nous a exposé comment on pratiquait l’engainage des cornes et a soulevé des questions sur les problèmes pratiques (manipulation ou non) et éthiques que cela pose. Il a relevé que le discours tauromachique récent mettait l’accent sur l’aspect esthétique - beauté du toréo et des taureaux- et sur l’aspect culturel. Mais depuis le retour de José Tomás, il y a une approche éthique -le toréro comme héros- qui a été magnifiquement développée par Francis Wolf dans sa Philosophie dfe la corrida, pour faire remarquer qu’il y avait une sorte de contradiction entre cette nouvelle approche et la manipulation des cornes que supposait l’engainage.

Isabel Carpo García, membre de la “Mesa del toro”, qui représentait l’UCTL (Union de los Criadores de Toros de Lidia), a déclaré que les “criadores de toros” [toroculteurs] étaient différents des “ganaderos” (éleveurs de bétail) parce qu’ils avaient un projet : chacun d’eux choisit  les caractéristiques génétiques qui l’intéresse et, au bout du compte, après plus de deux siècles de sélection, le taureau est une oeuvre d’ingénierie génétique. Elle a insisté sur le fait que, dans les conditions actuelles, le taureau, qui vit dans un  magnifique contexte écologique -même si l’exploitation agricole (“dehesa”) est une création de l’homme-, est soumis à de nombreuses opérations : vaccinations, examens vétérinaires, vérification de la grosseur de la peau etc. A chaque fois, il faut réunir le cheptel et faire passer chaque animal dans un couloir de contention, ce qui peut provoquer des combats et des dommages aux cornes. Ces pratiques obligatoires justifient l’emploi de gaines de protection afin de pallier ces risques.

Dans le débat qui a suivi, J. M. Durán Jiménez est intervenu pour faire remarquer que le taureau qui a les cornes engainées est moins agressif parce qu’il sent qu’il a des cornes diminuées. Le taureau est un animal qui réagit directement à son environnement, selon sa situation du moment. Lorsque les gaines sont enlevées, il retrouve son agressivité.
Concernant l’emploi des gaines, il considère qu’elles ne posent pas de problèmes vis-à-vis du combat dans l’arène pourvu qu’elles soient retirées suffisament longtemps à l’avance, environ un mois, ce que tous disent faire. Alors se pose la question de la nécessité ou non de règlementer cette pratique.

 

                                                                                                                        Philippe PASCHEL