Club taurin de Paris
créé en 1947

 

 

 

 

 

 

   

Réunion du 2 juillet 2008

Vicente Zabala de la Serna


Patrick Guillaume, Jean Pierre Hédoin, André Berthon, Francis Wolff reçoivent au nom du Club le trophée Vicente Zabala des mains de Vicente Zabala de la Serna

Vicente Zabala de la Serna dirige la section tauromachique du journal ABC, le quotidien le plus complet en matière taurine [http://www.abc.es/toros/taurino.asp], depuis 1995, prenant la suite de son père disparu tragiquement.

JOSÉ TOMÁS
José Tomás est arrivé comme un tsunami et les courses des 5 et 15 juin ont rendu inactuelle la temporada 2007. Belmonte a dit que l’on torée comme l’on est et que l’on écrit comme l’on sent. Le 5 juin, j’ai senti que ce qui se produisait, c’était le toréo. Victorino Martin le père, prétend que José Tomás ne torée pas, pour moi, c’est le toréo même et il fait déjà parti des pages d’or de la tauromachie. Il torée comme Belmonte avec l’impact de Manolete. Le 15 juin, José Tomás a accompli une promessse éthique avec lui-même. N’importe qui ayant déjà coupé quatre oreilles aurait été plus serein. Mais c’est une erreur d’essayer d’expliquer par la logique ce qui lui échappe. José Tomás ne peut pas être compris : on le ressent ou non. Je ne dirais pas qu’il me paît, non ce n’est pas la bonne expression, il m’a affecté [impactado].
Le José Tomás d’aujourd’hui est le meilleur José Tomás, celui des années 97-99 : muleta en avant, la poitrine à demi engagée. Pendant la période où il a été apodéré par Martín Arranz, il a été dans une ligne plus manoletiste : muleta derrière le corps, pieds joints, pratiquant un toréo parallèle. Aujourd’hui, il est plus profond. Il a même réussi à faire quelque chose de profond de la manoletina, qui est une passe superficielle.
Pour reprendre la formule connue [A. Santaines la met dans la bouche de Domingo Ortega, dans le livre éponyme, 1988, p. 18. NDLR], selon laquelle aux taureaux qui ne veulent pas charger, il faut dire : “Bonsoir. Comment allez-vous ? Que Dieu vous garde”, José Tomás a ajouté : “Comme vous me semblez beau !”.
Hola / Que tal / Buenas dias. José Tomás ajoute et “Que te vaya bonito”.

José Tomás c’est la pureté du toréo : muleta plate sans déplacer le taureau pour le conduire, très près de ses cuisses. Pendant l’absence de José Tomás, il y a eu une perte de référent : on voyait trop souvent appeler le taureau vers l’extérieur pour le garder à l’extérieur, comme fait si bien Finito. José Tomás va devenir le référent visuel.
Patrick Guillaume indique que après la course Juan Posada a dit que ce qu’il a fait est d’une technique extraordinaire, mais pour le faire, il faut du courage.
L’époque actuelle est plus facile que celle des années 60. Finito torée 80 fois sans être blessé, J. Conde est partout sans que personne ne le réclame. Auparvant, les toréros étaient souvent blessés. Il y avait la sensation du danger. Il ne faut pas que le public puisse penser ce que fait le toréro je pourrais le faire. Diego Puerta en 15 ans de carrière a reçu 55 blessures, sans que l’on voit d’ailleurs en lui un toréro suicidaire ...
A Nicolas Havouis qui insiste sur la grande fréquence des coups de cornes dans les leurres, Vicente Zabala fait remarquer que les taureaux des années 60 donnaient aussi beaucoup de coups de cornes. Cela vient de la volonté de laisser la muleta morte, de réduire la rapidité du taureau ; dans les véroniques José Tomás ne veut pas perdre de terrain et il finit par se faire frapper la cape.
José Tomás devrait cependant réorganiser son équipe de visiteurs d’élevages : les taureaux du 15 étaient trop différents de taille et les sobreros impossibles.

REVUE LES TORÉROS ACTUELS

Talavante fait les manoletinas comme José Tomás, mais cela n’a rien à voir.
Perera appartient clairement à l’école ojediste. Ce n’est pas un toréro fin, mais puissant. et il triomphe partout. Son travail avec Cepeda a porté ses fruits : il s’est affiné physiquement et est à l’aise dans tous les terrains et pas seulement à proximité du taureau.
Le Cid soumet moins les taureaux. Il est plus efficace dans la prise de l’animal au début de la passe que dans la fin. Ainsi le taureau garde la même vitesse du début jusqu’à la fin et il réussit mieux avec les taureaux moyens.
Manzanares reçoit médiocrement les taureaux dans la muleta, mais la fin est magnifique. Il a une présence scénique [empaque] extraordinaire, mais parfois en fait un peu trop.
Juli est une figure extraordinaire ; Ponce un scientifique complet. Les adieux de César Rincón à Barcelone et à Bogota ont été extraordinaires.
Morante a dû surmonter les flatteurs qui lui ont dit qu’il était le successeur de Curro Romero. Il a étudié la tauromachie ancienne (Gallo, Chicuelo).
Araceli Guillaume relève que l’on dit souvent qu’il n’a pas de technique et est craintif, comme tout artiste. C’est faux. Il a une technique sensationnelle, un grand sens du combat. C’est le toréo artistique qui a le plus de capacité technique. Il a appris sa technique des toreros du passé. Il arrive ainsi à prendre les taureaux par le bas, ce qui mieux que d’essayer de donner 20 passes là où il n’y en a pas
El Fundi torée bine les mauvais taureaux et finit par les rendre bons.
Castella peut revenir. Il lui faudra franchir la ligne du danger et ne pas se faire prendre.

LES TAUREAUX
En 2007, les élevages qui ont donnés les meilleurs résultats ont été ceux de Victoriano del Río et Núñez del Cuvillo et les Victorino Martín de Bilbao pour l’ensemble plus que pour la qualité d’un taureau. En 2008, on peut noter un échec des taureaux, particulièrement à Séville qui avait été basée sur le même élevage (Juan Pedro Domecq)
Il n’aime pas les protections que l’on met aux cornes des taureaux. Cela est inesthétique et nécessite beaucoup de maniement du bétail.

 

A l’issue de la conférence, le Club Taurin de Paris s’est vu remettre le prix Vicente Zabala, du nom du père de notre invité

Cette année va être une année de grande compétition.

 

 

                                                                                                                            Philippe Paschel